Taste Monde - passez votre chemin
Un service à rendre aux lecteurs de ce blog : déconseiller formellement la fréquentation d'une boutique cave à vins à Paris, le Taste Monde (8 rue de Surène 75008 Paris).
Le concept est séduisant et a tout pour me réjouir : mettre en avant la passionnante diversité des vins étrangers dans un restaurant ouvert aux influences du monde, avec une boutique caviste attenante pour acheter de beaux flacons.
Las !
la cuisine s'avère d'une désolante banalité, cumulant tout les poncifs de l'époque (verrines, émulsions, je n'en peux plus et je suis sûr que je ne suis pas le seul) et une fâcheuse tendance à juxtaposer un maximum de saveurs dans une assiette pour faire exotique. Au final, c'est très plat, relativement prétentieux, facturé finalement plutôt cher.
Assez improbable, la salle où je déjeune est décorée d'une photo baveuse en noir et blanc d'un vague vignoble de l'hémisphère sud, qui s'étale sur toute la longueur d'un mur. Clientèle d'employés de bureaux du quartier qui semblent s'intéresser à leur assiette comme à leurs premières chaussettes.
On pourrait être indulgent et espérer une période de rodage, si la qualité des liquides nous réjouissait....très pauvre en vins italiens, allemands ou espagnols, la carte des vins fait la part belle au Nouveau-Monde et réunit de surprenantes trouvailles (Belgique, Pays-Bas, etc..). Pourqui pas. La très grande majorité des vins proviennent de domaines dont je n'ai jamais entendu parler, et je pense pourtant déguster régulièrement un quota élevé de vins étrangers. Ces gens du Tastemonde feraient-ils un incroyable travail de sélection pour apporter le meilleur aux parisiens ?
Prêt pour l'aventure et désireux de déguster un Riesling sec et minéral, je me laisse conseiller un verre de vin blanc belge dont le serveur m'assure qu'il me satisfera. A l'arrivée, j'ai dans mon verre une boisson sucrée, plate, pâteuse, qui finit très court et donne mal à la tête. Proprement imbuvable. Je persiste et tente un second verre, une syrah de l'Argentine, après m'être bien fait préciser par le sommelier que je n'aime ni l'alcool ni la lourdeur. La boisson qui m'est proposée réunit exactement ces deux caractères. Je suis atterré. L'air perpétuellement bonhomme et satisfait, Sylvain, l'heureux concepteur de ce désastre pour oenophiles qui promène sa mine réjouie en salle, me toise avec incrédulité lorsque je lui fais part de ma déception.
Le parti-pris affiché de proposer des références à très petits prix n'est tenable que si la qualité des vins est irréprochable. Or c'est tout l'inverse. Quel intérêt y a t'il à proposer des vins étrangers médiocres ? Cela ne pourra que renforcer le sentiment gaulois qu'on a le meilleur chez nous. Stratégiquement, c'est un désastre, car une fois l'effet de curiosité passé, et à moins de réorienter la gamme en mettant l'accent sur la qualité, on préferera à raison aller au bistro boire un bon beaujolais. Et le pire c'est que l'équipe du TasteMonde est convaincue qu'elle propose le meilleur parce qu'elle le sélectionne elle-même, en allant sur place...
Donc à fuir, on vous aura prévenu. Attention, il y a une seconde adresse à Issy les Moulineaux (92)