dimanche, octobre 01, 2006

Cuisine & Vins de France Spécial vins, magazine people ??


Dans le Paris-Lyon de l'après-midi, je feuillette le numéro Spécial vins du très sage et convenu numéro Hors Série de Cuisine & Vins de France, dans lequel les pages de pub pour les foires au vins de la GD ressemblent de plus en plus à la maigre partie rédactionnelle.

A part une sympathique interview de Bernard Pivot qui se délecte autant d'une bonne bouteille que du vocabulaire d'argot lié au vin, le numéro se contente pour chaque région française (quand va t'on s'ouvrir sur le monde ??) de faire compiler par différents journalistes les étiquettes des vins sensés représenter le meilleur de chaque région, adresses des domaines à l'appui.
A part les sélections en Champagne (par la très compétente Sylvie Augereau), et celles de Jura-Savoie (Florence Kennel, sévère mais bosseuse) , et dans une moindre mesure celle de Bordeaux, rien de nouveau ou d'utile sur le papier glacé, surtout pas le sempiternel dossier sur les stars et le vin (Johnny, Gégé, Pierre Richard...), tellement usé et surexposé qu'on se demande quel rédac-chef s'intéresse encore à cette tarte à la crème (bon, quand Johnny souhaite que les jeunes redécouvrent le vin, on ne peut s'empêcher de le trouver sympa).

Bien sûr, il faut plaire aux annonceurs, mettre en avant du people pour faire vendre, faire un peu rêver avec de jolies photos tout en restant dans l'accessible pour flatter le lectorat moyen, tout cela est le lot commun de la presse généraliste. Mais pourquoi présenter des tendances sans prendre parti, et recopier des dossiers de presse ??

Exemple : Renzo Rosso, créateur et patron italien de Diesel, qui pèse plus d'un milliard d'euro, produit depuis peu son vin en Vénétie. 3000 bouteilles d'un pinot noir ou d'un chardonnay à la bourguignonne, disponible en toute simplicité et aux caves Legrand à Paris pour 175 euros (photo ci-dessous, bouteille lourde, cachet cire, conditionnement en caisses de 5 bouteilles, allez savoir pourquoi)

Des moyens quasi-illimités, une excellente attachée de presse en France qui a ses entrées et a déjà fait parler de lui (Elle, Madame Figaro, etc...) , et hop, le nouveau paysan Renzo Rosso se voit offrir 2 pages pour parler de son petit jus de raisin fermenté issu de la Diesel Farm, boosté par un marketing imparable et la renommée d'une marque mondiale.
(En aparté, les paris sont ouverts, je donne moins de 2 ans à une marque française du monde la mode ou du "lifestyle" pour intégrer dans son terroire un vin portant son nom et son logo. Et ça, Cuisine & Vins de France va s'en délecter, c'est sûr.)

Mesdames les rédactrices de Cuisine & Vins de France, si par hasard vous lisez ces lignes, sachez si vous l'ignorez encore qu'il existe en Vénétie (et partout en Italie) des producteurs admirables, des vignerons de talent qui expriment des terroirs fantastiques qui n'ont rien à envier aux plus grandes appellations françaises. Malheureusement, ils ne disposent pas de grands professionnels de la communication médias pour vous convaincre que leur travail mérite que vous en fassiez l'écho dans votre publication.
Leur dossier de presse est moins glamour et vendeur, même si ils n'ignorent en rien les subtilités du marketing et savent pertinemment qu'ils ne peuvent plus s'en passer. Mais peut-être, après des centaines d'heures de dégustations harassantes, vos journalistes ont-ils triés parmi les échantillons le Grand Vin Italien dont les qualités exceptionnelles justifiait un coup de projecteur dans votre journal....

Au fait, dans Cuisine et Vins de France, on ne nous dit pas quel est le goût du vin sur lequel Mr Rosso appose sa marque.
C'est dommage, c'est cela aussi qui nous intéresse....Si votre scribouillard l'avait goûté, il se ferait un plaisir de vous en parler ici. Mais lorsqu'il lâche 175 €, il a maheureusement d'autres priorités.

Mesdames les rédactrices, figurez-vous que je m'intéresse de très près aux vins italiens. Un beau geste de votre part serait de m'inviter à déguster une des bouteilles que vous avez peut-être reçues en cadeau, à moins que ce ne soit un Jean griffé...non je plaisante, je vais plutôt contacter à cet effet l'agence de communication spécialisée qui vous a discrètement sussuré combien il serait important, à l'occasion du lancement mondial des produits de la Diesel Farm, de parler de ces incontournables breuvages italiens...

Après ces considérations plus consternées que fielleuses, un moment de doute : et si Renzo Rosso était sincère ?? Si il mettait véritablement toute son énergie et sa passion en oeuvre pour produire un très grand vin, objet de 1000 soins, justifiant ainsi son prix ?? Pour essayer d'en savoir plus, j'ai été sur le site de Diesel, totalement flippant et barré à mon avis. Et bien, on n'y parle pas du tout du vin, mais on y voit des petits Bacchus ailés, qui portent des grappes de raisins et virevoltent dans tous les sens. Ces gens-là savent ce qu'ils font. Cohérence de marque, on vous dit....

le site ci-dessous pour les curieux :
http://www.diesel.com/campaigns/aw06/

1 Commentaires:

At 10:12 AM, Anonymous Anonyme said...

Très cher Jean Emmanuel,
Je tombe par hasard et un an après sur un commentaire plus fielleux qu'informatif sur le Hors Série Vins 06 de Cuisine et Vins de France. Aurais-tu une revanche à prendre avec CVF ? Comme tu es souvent "en face" tu pourrais venir voir la façon dont nous travaillons. Puisque tu as la prétention d'être un dénicheur de talent, l'unique personne qui déguste les bons vins en Italie et le meilleur juge sans être partie des sélections de mes journalistes vient donc te rendre compte du fonctionnement d'une rédaction.
A bientôt, je l'espère.
Karine Valentin

 

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