lundi, avril 03, 2006

Les vins du Mâconnais se mobilisent

Présents à Paris lundi 3 avril, une quinzaine de domaines du Mâconnais se sont réunis au restaurant Macéo pour faire déguster leur production (2004 essentiellement, plus quelques 2003 et de rare millésimes plus anciens).
Premier constat : les vins de 2004 sont bons, très bons même. Les meilleurs vignerons ont sû éviter les pièges du millésime (Grêle, rendements élevés) et rentrer des raisins sains, avec de très beaux équilibres entre l'acidité et la maturité. Le résultat : des vins souvent nerveux, plein d'énergie et de fraîcheur qui ajoutent un côté tonique au caractère généreux et opulent des vins de la région. Les vins pourront se bonifier sur 3 à 8 ans sans problème, même si on se régalera déjà avec les cuvées les plus tendres.

Ensuite, peu importe l'appellation : on trouve des Mâcon-villages bien plus complexes et profonds que bien des Pouilly-Fuissé. Le talent du vigneron l'emporte à l'évidence sur une hiérarchie des crus bien peu représentative. La région est très vaste, sa géologie extrêmement morcelée, et bon nombre de terroirs (sur les villages de Chardonnay, de Cruzille, de Bussières par exemple) auraient assurément mérité d'être identifiés par des AOC propres, à l'image de Pouilly-Fuissé. Pour le consommateur peu informé, rien ne permet a priori de distinguer entre eux les vins issus de la trentaine de communes autorisés à accoler leur nom à l'appellation régionale Mâcon (ex. Mâcon-Chaintré, Mâcon-Cruzille, etc...).

Brièvement, les plus grands vins dégustés :
-Les Pouilly-Vinzelles 2004 du domaine de la Soufrandière -les frères Bret- , des vins tendus, droits et complets, admirablement élevés, purs et expressifs. La cuvée "les Quarts" étonnera dans 10 ans (17/20), le simple Pouilly-Vinzelles est idéalement mûr, rond et plein, très gourmand et précoce (15,5/20).
-les vins du domaine Guillot-Broux, avec un magnifique Mâcon-Chardonnay les Combettes 2004, très intense et profond (15,75), et un superbe Mâcon-Cruzille les Perrières 2003 (16,25), très mûr et intense, soutenu par une acidité imposante obtenue en vendangeant après le 10 septembre, après la pluie du 9 septembre qui a permis de gagner 1° d'acidité....Rarissime et impressionnant Mâcon-Cruzille les Clos, produit à hauteur de 300 bouteilles à partir d'une vigne franche de pied....
-Denis Jeandeau, le petit jeune à suivre, avec ses très beaux Pouilly-Fuissé 2004 issus d'achats de raisins depuis que les vignes du domaines familial ont été vendues...
-Les Héritiers du Comte Lafon, le bébé du grand Dominique Lafon (le fameux domaine des Comtes Lafon de Meursault...) trouve enfin sa vraie vitesse de croisière en 2004, avec des vignes qui expriment pleinement leur terroir, dans un style svelte, pur et assez tendre, dont un merveilleux Mâcon-Chardonnay "Clos de la Crochette" 2004 (16,5), vin structuré, suave et généreux au volume étonnant. ..
-Les vins de Jean Thévenet enfin, récemment associé avec son fils Gautier, qui ne s'effrayent pas de la maturité de fruit élevée que le Chardonnay peut atteindre vers Clessé, et possèdent souvent un peu (voire beaucoup, pour les rares vendanges tardives, ou cuvées "levroutées") de sucre résiduel naturel. Magnique domaine de la Bongran 2001, étoffé et long (16,75) et sublime cuvée Botrytis 2001 (18) issu de rendements de 8hl/ha sur une vigne de 1 ha....
D'autres domaines, comme le Château des Rontets, Olivier Merlin ou la famille Valette donnent aussi naissance à de beaux vins réguliers, bien qu'à mon sens moins aboutis.

Le Mâconnais mérite tout l'intérêt des amoureux du vin !